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26 septembre 2010

«TimssDSit» de Mohamed Elmedlaoui

«TimssDSit» de Mohamed Elmedlaoui

Après avoir publié plusieurs ouvrages de recherches très approfondies sur la langue et la culture amazighes en tant que questions socioculturelles nationales, Mohamed Elmedlaoui s'attaque à la poésie berbère et vient de sortir, récemment, son livre Timssdsit.

Un ouvrage en poésie berbère où l'auteur a abordé une expérience consignée en vers. « Dans tout l'ouvrage, un seul thème est abordé tout en vers composés sur un seul mètre, le mètre chleuh, dit ddrst et transcrit en graphie latine. Le texte est articulé en treize sous-titres, donnés pour servir de "soupirs de vocalise" au lecteur », explique Mohamed Elmedlaoui qui a employé comme notation de textes les conventions orthographiques qu'il a adoptées en 1999, utilisant les principes d'orthographe berbère en graphie arabe ou latine. Son travail laborieux, d'une dizaine d'années, sur la métrique de la langue berbère lui a permis de devenir un vrai versificateur pouvant fabriquer une pièce en vers sur commande et avec une garantie certifiée de justesse métrique. D'où l'importance de cet ouvrage du point de vue métrique. «Toutes les marques diacritiques nécessaires sont pleinement notées (emphase, labialisation, etc.). Là où la justesse du mètre exige une contraction ou une assimilation, la prononciation phonétique est donnée sous la suite en question. Le texte de l'ouvrage est en vers oscillant entre le cérébral et l'expressif où j'ai annoté moi-même certains vers », précise-t-il.

Sur le plan du registre linguistique, les éléments du lexique, de la syntaxe, des catégories conceptuelles, rhétoriques et stylistiques, qui véhiculent le sens du texte, ont tous été sciemment puisés de la langue Tashlhiyte. « Rien n'y est aussi banni. Ces distorsions épileptiques par lesquelles certains esprits coincés cherchent, coûte que coûte et à prix de barbarismes néologiques monstrueux, à épurer la langue de sa "récolte historique" et de son "butin" en emprunts assimilés, grâce à quoi elle a pu digérer les éléments des vicissitudes de l'histoire et se maintenir en vie, contrairement à ce que risque de produire la politique d'asphyxie actuelle que la pathos populiste a réussi à ériger en ethos », affirme M. Elmedlaoui. Et d'ajouter que pour la forme, il y a certes un côté ludique derrière ce cocktail linguistique qui caractérise le texte ainsi que derrière ces jeux de concordances transculturelles d'idées qui l'émaillent à travers des notes multilingues de bas de pages (un autre aspect insolite et iconoclaste).

Mais c'est là également une chose significative voulue en tant que témoignage d'un fait culturel riche et diversifié qui n'est pas nouveau et que des voix totalitaires de tout bord cherchent à niveler et à aplatir dans un sens ou dans un autre. En plus de certaines intertextualités multilingues ponctuelles (en arabe, en français ou en hébreux) dans le texte poétique principal, il n'y a pas moins de 133 notes de bas de pages en plusieurs langues (berbère, français, arabe, anglais et hébreu, selon le cas) à travers lesquelles le texte principal tisse des dialogues dans plusieurs sens avec les Ecritures (Coran, Bible, Evangiles), la poésie arabe (Zuhair, Abu Tammam, Al-mutanabbi, etc.), la poésie berbère (Amntag, Azâriy, Tabaâmrant, etc.), la pensée occidentale (Nietzsche, Schopenhauer, Shakespeare, etc.) et autres. En conclusion, l'auteur sous-titre son dernier paragraphe de "ufuy", systématisant ce dialogue en un style dit "matruz" où alternent vers berbère et vers en malћun marocain sur le même mètre berbère, ddrst, qu'il a reproduit et doublé d'une notation en graphie arabe pour le cas où les segments à diacritiques ne s'affichent pas correctement dans la notation latine.

 

Par Ouafaâ Bennani | LE MATIN

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